Douze nouveaux Sites Ramsar pour le Maroc
Le Maroc a inscrit 12 nouvelles zones humides d’importance internationale situées entre les montagnes de l’Atlas et le littoral atlantique et méditerranéen. Plusieurs de ces sites sont aussi des réserves de biosphère ou des géoparcs mondiaux de l’UNESCO. Pour le processus d’inscription, l’Autorité administrative Ramsar du Maroc a bénéficié de l’appui du WWF Afrique du Nord / Maroc.
Assif Réghaya-Aït Mizane (Site Ramsar no 2371) est situé sur le versant Nord du djebel Toubkal, la plus haute montagne d’Afrique du Nord. Il comprend une rivière permanente, l’Oued Réghaya et, en amont, un cours d’eau de montagne au cours rapide, Assif n’Aît Mizane, tous deux classés parmi les Sites d’intérêt biologique et écologique du Maroc. Cet écosystème de rivière permanent, très rare en Afrique du Nord, est riche en espèces sauvages.
Haut Oued Lakhdar (Site Ramsar no 2372) comprend deux affluents du cours supérieur de l’Oued Lakhdar, sur les versants septentrionaux du Haut Atlas central, à 1350 mètres d’altitude et plus. C’est un des rares écosystèmes de rivière de montagne permanents en Afrique du Nord encore à l’état naturel ou semi naturel. Grâce au débit d’eau soutenu en été, le site est un point chaud de la biodiversité et de la conservation, avec de nombreuses espèces endémiques locales ou de l’Afrique du Nord.
Assifs Ahançal-Melloul (Site Ramsar no 2378) comprend l’Oued Ahançal et l’Oued Melloul, entre 800 et 2000 mètres d’altitude, dans le Haut Atlas central. Le site est un des derniers écosystèmes de rivière de montagne sauvage et quasi naturelle au Maghreb. Il contribue à la protection d’au moins deux espèces endémiques ou menacées, le barbeau de l’Atlas (Luciobarbus ksibi) et le macaque berbère (Macaca sylvanus).
Assif Mgoun (Site Ramsar no 2376) dans le Haut Atlas, se compose du cours central permanent de la rivière Mgoun et de son extension temporaire en amont ainsi que de quatre petits affluents permanents. Les cours d’eau et ruisseaux froids de haute altitude offrent des conditions idéales à la reproduction de poissons endémiques comme la truite du Drâa (Salmo multipunctata) et le barbeau du Drâa (Luciobarbus lepineyi).
Oued Tizguite (Site Ramsar no 2375). Le site se trouve à l’extrémité nord du plateau calcaire du Moyen Atlas. La végétation riche des rives et aquatique comprend au moins deux espèces menacées : la camomille du Maroc (Anacyclus pyrethrum) et le cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica). Il y a environ 200 espèces animales aquatiques dont des insectes endémiques ou rares comme le plécoptère Protonemura dakkii et la phrygane Agapetus dolichopterus.
Lacs d’Imouzzer du Kandar (Site Ramsar no 2374). Il s’agit de trois lacs karstiques près de la ville d’Imouzzer Kandar, dans le Moyen Atlas. On y trouve toute une gamme d’habitats qui entretiennent une flore et une faune très diverses. La zone humide est un lieu d’hivernage particulièrement important pour l’erysmature à tête blanche (Oxyura leucocephala).
Côte des Bokkoyas (Site Ramsar no 2379). Situé sur la Méditerranée, à l’extrémité orientale des montagnes du Rif central, le site comprend toute une série de falaises maritimes interrompues par des vallées et les eaux marines adjacentes. Le littoral est connu pour son corail rouge (Corallium rubrum). Le Site Ramsar abrite un grand nombre d’espèces menacées, aussi bien terrestres que marines, comme le poisson Epinephelus marginatus et la caouanne Caretta caretta.
Lagune et barrage de Smir (Site Ramsar no 2380). Le site se compose d’une lagune côtière marécageuse sur la petite plaine alluviale côtière de l’Oued Smir, et d’un réservoir à moins de dix kilomètres en amont. On y trouve des espèces menacées comme le fuligule milouin (Aythya ferina) et la salamandre de feu d’Afrique du Nord (Salamandra algira). Le site se trouve sur la voie de migration de l’Atlantique Est, et c’est une étape clé pour environ 60 espèces d’oiseaux d’eau du Paléarctique occidental lors de leur passage mais aussi en hiver.
Littoral de Jbel Moussa (Site Ramsar no 2381). Situé sur le littoral méridional du détroit de Gibraltar, là où l’Atlantique rencontre la Méditerranée, le site est une zone importante pour le passage des tortues marines, des oiseaux (rapaces et passereaux) et des mammifères. C’est aussi une frayère importante pour plusieurs espèces de poissons. Parmi les mammifères terrestres remarquables, il y a le macaque berbère En danger.
Cap Ghir-Imsouane (Site Ramsar no 2373). Le site comprend une bande côtière au pied du Haut Atlas. On y trouve une vaste gamme d’habitats marins, estuariens et terrestres influencés par l’océan Atlantique mais aussi par la Méditerranée et le Sahara, avec une biodiversité exceptionnellement riche et un taux d’endémisme élevé. La zone humide se trouve sur la voie de migration de l’Atlantique Est et offre des lieux de nidification et d’hivernage à de nombreux oiseaux migrateurs du Paléarctique.
Oued Assaquia Al Hamra à La’youn (Site Ramsar no 2382). Le site se compose de quatre vastes zones, notamment un marécage et un estuaire. Il joue un rôle important pour le cycle biologique des oiseaux d’eau du Paléarctique occidental en tant qu’étape et zone d’hivernage pour les migrateurs. Il accueille des oiseaux d’eau menacés comme la sarcelle marbrée (Marmaronetta angustirostris) et le fuligule milouin (Aythya ferina).
Côte Aftissate-Boujdour (Site Ramsar no 2377). Le site couvre environ 50 kilomètres de littoral au sud de la ville de Boujdour. La zone humide sert d’étape aux oiseaux marins du Paléarctique, aux échassiers et aux migrateurs terrestres, en particulier les passereaux. En hiver, on y trouve plus de 1% de la population biogéographique d’espèces comme le goéland brun (Larus fuscus). Les zones arides du site, fortement influencées par l’océan, accueillent plusieurs espèces endémiques et rares comme le gecko endémique Saurodactylus brosseti.