Le lac Kutubu, Papouasie-Nouvelle-Guinée

01 octobre 1998


Le Bureau de la Convention de Ramsar a le plaisir d’annoncer l’inscription de la deuxième zone humide d’importance internationale de Papouasie-Nouvelle-Guinée, le lac Kutubu (4924 hectares) qui est le deuxième lac du pays et, à tous points de vue, l’un des plus importants ajouts récents à la Liste de Ramsar. M. Imo Wari, Secrétaire du département de l’Environnement et de la Conservation, décrit en ces termes le lac Kutubu: «Un lac d’eau douce, dans un paysage karstique calcaire, sur les hauts plateaux méridionaux de Papouasie-Nouvelle-Guinée [à 800 mètres au-dessus du niveau de la mer]. On y trouve au moins 10 espèces de poissons endémiques: le nouveau Critère Ramsar No 4 (entre autres) s’applique donc au site. Les limites du site correspondent à celles de l’Aire de gestion de la faune sauvage du lac Kutubu et cette inscription jouit de l’appui des propriétaires autochtones qui tirent une part essentielle de leur subsistance des zones humides. Le site comprend environ 1000 hectares de forêts marécageuses, type de zone humide qui suscite des inquiétudes au niveau international depuis les incendies qui ont dévasté l’Indonésie l’année dernière. Une bonne partie du bassin versant du lac qui est encore essentiellement couvert de forêts tropicales de haute altitude se trouve à l’intérieur du site.»

Le taux d’endémisme extraordinaire du lac (10 des 14 espèces de poissons que l’on y trouve sont endémiques du lac lui-même) est supérieur à celui de tout autre lac de la région australo-néo-guinéenne. La Fiche descriptive Ramsar (FDR) mentionne que le lac Kutubu se trouve dans une des régions les plus inaccessibles du pays où l’on ne pouvait arriver, récemment encore, que par aéronef léger ou à pied. La mise en valeur du pétrole et du gaz dans la région a ouvert l’accès par la construction de liens routiers et la mise en place de vols réguliers. Les activités de tourisme, de loisirs, d’éducation et de recherche, de production agricole et de pâturage, d’utilisation de l’eau et de production des pêcheries sont peu développées – la zone humide est à l’état primitif et le potentiel qu’elle offre, pour ces activités, est élevé. Toutes les terres du bassin versant du lac Kutubu sont régies par le droit coutumier. La FDR, compilée par le personnel du Projet de conservation et de développement intégré de Kikori (projet du WWF-États-Unis) mentionne que deux groupes culturels/linguistiques principaux vivent dans la région – les Foe qui sont environ 2500, occupent une douzaine de villages sur les berges du lac et les Fasu qui sont largement dispersés à l’ouest et au sud-ouest du lac possèdent les terres où se trouvent les champs de pétrole. Les villages du bord du lac pratiquent surtout une agriculture vivrière et cultivent le sagoutier dont la fécule (sagou) assure 75% de l’alimentation. Plusieurs tentatives d’introduction de cultures de rapport telles que le cacao et le café ont eu lieu mais sans grand succès en raison des moyens de transport limités. Avec l’amélioration des transports, une augmentation de l’immigration dans la région pourrait porter préjudice aux caractéristiques écologiques du site.

L’inscription du site a été préparée grâce à l’assistance financière du Fonds Ramsar de petites subventions et coordonnée par Roger Jaensch, administrateur du Programme Océanie de Wetlands International-Asie-Pacifique. Avec l’Aire de gestion de la faune sauvage de Tonda, les deux sites Ramsar de Papouasie-Nouvelle-Guinée couvrent ensemble 594 924 hectares tandis que les 935 sites inscrits à la Convention, dans le monde entier, ont, ensemble, une superficie de 69  864 955 hectares.