Reconnaître les capacités extraordinaires des zones humides
Dans les Sundarbans, une aire protégée que se partagent l’Inde et de Bangladesh, un projet de restauration des zones humides s’attaque aux changements climatiques, protégeant le littoral contre les inondations tout en assurant l’alimentation et le revenu des communautés locales.
L’une des plus grandes forêts de mangroves du monde se trouve dans les Sundarbans, une région située dans le delta du Gange, du Brahmapoutre et de la Meghna, entre l’Inde et le Bangladesh. Ils abritent des espèces animales en danger, notamment le tigre du Bengale, le cobra royal et la tortue fluviale indienne, une tortue rare que l’on avait cru éteinte.
Le secteur bangladais des Sundarbans est protégé par la Convention de Ramsar en tant que « zone humide d’importance internationale » ou Site Ramsar, et les deux secteurs, bangladais et indien, sont des Biens du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cependant, au fil des ans, divers changements se sont produits dans le flux de l’eau, dus notamment au détournement de l’eau douce en amont pour l’agriculture, qui ont porté préjudice à la forêt. Les changements climatiques menacent aussi la région et, selon un rapport de l’UNESCO, l’élévation du niveau de la mer pourrait entraîner la destruction de 75% de la forêt avant la fin du siècle.
En 2011, Livelihoods, un fonds d’investissement dans le carbone créé par Danone, la Convention de Ramsar sur les zones humides et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), s’est associé à l’ONG locale Nature Environment and Wildlife Society (NEWS) pour un projet dont le but est de lutter contre les changements climatiques tout en améliorant le niveau de vie des communautés locales. Plus de 16 millions de palétuviers seront plantés dans le secteur indien des Sundarbans.
Livelihoods a pour mission de soutenir les efforts des communautés rurales pauvres dans les pays en développement pour les aider à restaurer leurs écosystèmes qui sont les garants de leur sécurité alimentaire, ainsi que de l’amélioration de leur revenu et de leurs conditions de vie.
Les mangroves ont la capacité extraordinaire de capter et stocker le carbone qui, s’il était libéré dans l’atmosphère, contribuerait au réchauffement climatique. Les espèces plantées en Inde devraient capter 671 000 tonnes de carbone en 20 ans – qui se traduiront en crédits de compensation carbone pour les investisseurs du Fonds Livelihoods.
En outre, les nouvelles mangroves réduiront les effets des inondations et des tempêtes dont la fréquence devrait augmenter avec le réchauffement du climat. Les troncs et les branches forment des boucliers naturels contre les vagues, protégeant les êtres humains, leurs habitations et les terres agricoles. Après le tsunami de 2004 en Asie du Sud, le journal Science citait des modèles montrant que 30 arbres côtiers sur 100 mètres carrés avaient la capacité de réduire de 90% le flux d’un tsunami.
Par ailleurs, les forêts de mangroves restaurées sont aussi des lieux de nourrissage pour les poissons, les mollusques et les crustacés source de nourriture et de revenu pour les communautés locales.
Des projets tels que celui des Sundarbans démontrent l’importance des zones humides pour l’atténuation des changements climatiques et la protection des communautés contre leurs effets dévastateurs.
« Je suis heureux de constater que des communautés, des pays et des entreprises de plus en plus nombreux investissent dans la protection et la restauration des zones humides et en font un élément essentiel du débat sur les changements climatiques » déclare Christopher Briggs, Secrétaire général de la Convention de Ramsar sur les zones humides. « Les zones humides jouent un rôle essentiel dans une stratégie mondiale intégrée en faveur de communautés résilientes et d’économies durables et prospères » conclut-il.