Retrait du Registre de Montreux de deux sites Ramsar situés en Algérie
Le Secrétariat félicite le gouvernement algérien pour son action en faveur du retrait du Registre de Montreux des sites de l’oasis d’Ouled Saïd (site n° 1060) et de la Réserve Intégrale du Lac Tonga (site n° 281), jusque là considérés comme menacés.
L’Oasis d’Ouled Saïd (25 400 hectares) correspond à l’un des types de zones humides sous-représentés sur la Liste Ramsar des zones humides d’importance internationale puisqu'il s’agit d’une zone humide artificielle. Au sein de la région aréique dans laquelle elle se trouve, cette zone humide joue un rôle essentiel pour la subsistance d'oiseaux migrateurs, d’ongulés comme les gazelles et d’autres espèces en danger. Elle est par ailleurs essentielle dans le sens où elle permet à la communauté locale de subvenir à ses besoins grâce aux dates qui y sont produites.
Pour surmonter les difficultés liées à la pénurie de ressources en eau, cette zone humide est entretenue au moyen de fouggaras, un système traditionnel de petites canalisations à ciel ouvert qui servent à capter et à répartir équitablement l’eau au sein de la communauté.
Les autorités algériennes ont demandé l'inscription de ce site au Registre de Montreux lors de sa désignation en 2001 car elles pensaient qu’il était nécessaire de mettre en place des interventions spécifiques pour résoudre les problèmes auquel l’oasis était confrontée, à savoir un manque de ressources financières pour stabiliser les dunes de sables avoisinantes, qui entraînaient un envahissement par le sable, des ressources financières insuffisantes pour assurer l’entretien des fouggaras, la perte de nombreux palmiers, notamment ceux d’une variété locale, et la sécheresse provoquée par une diminution globale des ressources en eau.
Grâce aux contributions versées par le WWF-International, la Fondation MAVA, le Secrétariat Ramsar, le Département des forêts, la mairie d’Ouled Saїd et les habitants de l’oasis, un projet de réhabilitation et de restauration est mis en œuvre depuis 2002. L’objectif de trouver une solution au problème de l’ensablement a été pleinement atteint grâce à la mise en place des activités ci-dessous :
1. Installation d’une clôture/haie vive constituée de palmiers séchés tout autour du site de l’oasis de Ouled Saїd et recours à des ouvriers qualifiés recrutés au sein de la communauté locale pour achever les opérations de lutte contre l'ensablement du site.
2. Construction d’un puits équipé de deux pompes (l’une manuelle et l’autre électrique) afin d'approvisionner en eau les deux bassins qui devaient être construits et réparés pour servir à l'irrigation de la plantation forestière, dans le but de renforcer la clôture/haie vive de palmiers séchés.
3. Création d’une plantation forestière constituée de tamaris à l’arrière de la clôture de palmiers séchés précédemment construite afin qu’elle serve de brise-vent et, de ce fait, qu’elle empêche l’accumulation de sable.
Grâce à d’autres subventions provenant du ministère des Ressources en eau, un programme a été élaboré pour réhabiliter les fouggaras.
Le site Ramsar du nom de Réserve Intégrale du Lac Tonga (2700 ha, inscrit en 1983) fait partie d’une mosaïque de zones humides composée de bras de mer, de lacs, de cours d’eau, de marais à scirpe, de dépressions interdunaires et de taillis d’aulne que l’on trouve dans le Parc national d’El Kala. Cet ensemble de zones humides est reconnu comme l’un des quatre grands ensembles de zones humides de la Méditerranée occidentale.
L’inscription de ce site sur la Liste Ramsar est due au fait qu'il remplit plusieurs critères, à savoir les critères 1, 2, 3, 5 et 6, lesquels comprennent le fait d’abriter une population vaste et diversifiée d’oiseaux nicheurs, de passage ou hivernants comme le busard des roseaux (Circus aeruginosus)ou la sarcelle marbrée (Marmaronetta angustirostris), entre autres, ainsi que des mammifères comme la loutre (Lutra lutra),le cerf de Barbarie (Cervus elaphus barbarus),etc.
En ce qui concerne son importance pour la communauté locale sur le plan des activités de subsistance ou génératrices de revenus, le lac constitue l’origine principale des stocks de poissons et d’anguilles dont la communauté dépend.
Ce site a été inscrit sur le Registre de Montreux en raison des problèmes auxquels il était confronté suite à la période de sécheresse qu’avait connue le pays pendant plus de dix ans, lesquels étaient aggravés par des facteurs anthropiques comme la chasse excessive, le rejet d’eaux usées ayant provoqué l’encombrement des canaux par la végétation, le pompage excessif d’eau en période d’étiage et des incendies répétés dans le bassin versant ayant entraîné une aggravation de la mise à nue des sols.
Au lendemain de cette période de sécheresse de dix ans, les fonctions naturelles de l’écosystème ont retrouvé leur niveau optimal et les menaces anthropiques ont été levées grâce à la mise en œuvre des recommandations de la Mission consultative Ramsar menée en 1990 et grâce à l'élaboration d'un plan de gestion destiné au Parc national d'El Kala et aux zones humides, avec le soutien du projet GEF/FEM. Ce plan de gestion s’emploie à lever les menaces anthropiques en partant de différents postulats dont les suivants :
1. L’irrigation agricole est strictement réglementée et, pour l’heure, n'est autorisée qu'au bénéfice des populations riveraines avoisinantes (les habitants d’origine) ;
2. la pêche à l’anguille a été réglementée ; elle est limitée à une surface précise, à savoir 2,5 ha, et doit s’accompagner d’une tenue de registres comptables rigoureuse.
Une nouvelle fois, nous adressons nos sincères félicitations aux autorités algériennes, aux communautés locales et à tous les acteurs ayant participé à la restauration des caractéristiques écologiques de ces deux sites Ramsar. Grâce à la mise en œuvre concrète et constante des principes de la Convention de Ramsar, ils devraient continuer de prospérer comme ils le font actuellement.
Le Registre de Montreux est « une liste des sites Ramsar dont les caractéristiques écologiques ont été, sont en train ou sont susceptibles d'être modifiées » (Résolution 4.8, 1990) ; il est géré par le Secrétariat en consultation avec les parties contractantes concernées. À l’heure actuelle, et suite à ces deux retraits, le Registre compte 52 sites Ramsar.
-- Cynthia Kibata,
Conseillère assistante pour l’Afrique