Zones humides et pollution plastique
En mars 2022, à Nairobi, lors de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, les États membres ont convenu d’une résolution sans précédent intitulée « Mettre fin à la pollution plastique : vers un instrument international juridiquement contraignant ».
Dans les prochains jours, le Comité intergouvernemental de négociation se réunira pour conclure un accord avant l’échéance de 2024. Le Secrétariat de la Convention sur les zones humides salue ces travaux et apportera son soutien à la Journée mondiale de l’environnement, le 5 juin, qui mettra l’accent sur les « solutions à la pollution plastique ».
D’après le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la production de plastique et la pollution qui en découle ont des répercussions sur la triple crise du changement climatique, de la perte de nature et de la pollution, et l’aggravent. Ces impacts sont expliqués ci-après.
Tout d’abord, la pollution plastique affecte la santé humaine, et l’incinération à ciel ouvert des plastiques contribue à la pollution de l’air. La production de plastique a une incidence sur le réchauffement de la planète, puisque d’ici 2050, les émissions de gaz à effet de serre associées à cette production représenteront 15 % des émissions autorisées, l’objectif étant de limiter le réchauffement à 1,5°C (34,7°F).
Plus de 800 espèces sont concernées
Les zones humides sont particulièrement touchées par la pollution plastique, plus de 800 espèces marines et côtières étant affectées par cette pollution par ingestion, enchevêtrement et autres dangers. Les rivières et autres zones humides ne sont pas seulement des lieux de passage des déchets plastiques, ce sont aussi des lieux où ceux-ci se déposent à long terme.
Quelque 11 millions de tonnes de déchets plastiques se déversent chaque année dans les océans et ce chiffre pourrait tripler d’ici 2040. De nombreuses espèces migratrices sont menacées par la dégradation et la disparition de leur habitat, certaines étant particulièrement vulnérables à la pollution plastique dans les rivières et autres zones humides en raison de leur écologie et de leurs caractéristiques comportementales. On détecte également des microplastiques dans les systèmes écologiques du monde entier. Une étude réalisée en 2019 a mis en évidence l’existence d’importants dépôts de microplastiques dans le lac Léman et en Méditerranée.
Les débris plastiques s’accumulent dans les écosystèmes marins et d’eau douce, tuant ainsi les oiseaux et les tortues. Des volumes de plus en plus importants de ce type de déchets se déposent sur de longues distances. Compte tenu des impacts bien documentés sur la biodiversité et la santé humaine, la lutte contre la pollution plastique est capitale pour l’équilibre écologique de la planète.
La Journée mondiale de l’environnement met l’accent sur le plastique
Au moins 5 250 milliards de particules de plastique, pesant plus de 260 000 tonnes, flottent dans les océans de la planète. Les débris peuvent mettre des siècles à se décomposer. Les particules de plastique perturbent les chaînes alimentaires, nuisent à la faune et libèrent des polluants organiques persistants. Les plastiques à usage unique contribuent pour une large part aux déchets plastiques et leur utilisation sera abordée dans le nouveau traité sur la pollution plastique.
Malheureusement, les zones humides sont souvent assimilées à des décharges et utilisées pour y jeter des déchets, comme en témoignent les photos désolantes de zones entièrement dévastées par le plastique. Les zones humides disparaissent à un rythme alarmant, 87 % d’entre elles ayant été perdues depuis 1700 et 35 % depuis 1970. Cette perte a conduit à identifier 4 875 espèces dépendantes des zones humides comme étant menacées d’extinction. C’est pourquoi il importe de prendre des mesures immédiates pour mettre fin à leur disparition.