Prix d'excellence 2002
Mme Monique Coulet, France
Un « Prix d'excellence » est attribué à Mme Monique Coulet pour sa contribution exceptionnelle aux sciences des zones humides, ainsi qu'à la conservation et à l'utilisation rationnelle des zones humides sur le terrain.
Mme Coulet fait partie des rares personnes qui réussissent à mener de front la recherche scientifique et l'application, sur le terrain, du savoir acquis par ce biais. Infatigable et enthousiaste, Mme Coulet est aussi une enseignante hors pair, une scientifique de terrain et une négociatrice charismatique de la protection de la nature au sens large. Elle a joué un rôle capital dans des actions majeures de conservation des zones humides en France, notamment la protection de la vallée de la Loire et du Doubs, et la restauration du Rhône.
En matière de recherche, Mme Coulet a privilégié l'écologie des grands cours d'eau, notamment l'évolution des zones humides riveraines et leur réaction à divers types de perturbations. Elle a apporté une contribution de taille à l'élaboration du concept de connectivité entre les écosystèmes (interactions entre zones humides et cours d'eau et/ou eaux souterraines; évaluation de l'impact de la succession végétale sur l'«espérance de vie» d'une zone humide); et a contribué à démontrer que pour les écosystèmes, il est préférable de préserver les processus plutôt que des habitats particuliers.
Monique Coulet a non seulement contribué à la découverte et à l'élaboration de ces concepts scientifiques, mais a aussi mis un point d'honneur à les expliquer et à aider les gestionnaires, les décideurs et les responsables de l'aménagement du territoire à les comprendre et à les appliquer. L'importance particulière de la contribution de Monique Coulet à cet égard tient au fait qu'elle a su à la fois défendre des sites particuliers et convaincre toutes les parties prenantes de la nécessité de sauver les processus, les modes de fonctionnement des écosystèmes à long terme. C'est ainsi qu'elle a travaillé dans un cadre de développement durable bien avant que cela ne devienne une pratique courante.
Outre sa contribution à l'avancement des sciences des zones humides, Monique Coulet a contribué de façon significative à la conservation à long terme des zones humides, notamment la Loire et le réseau fluvial Doubs-Saône-Rhône. Dans les deux cas, les cours d'eau et leurs écosystèmes riverains étaient menacés par d'ambitieux programmes de développement. Mme Coulet a été cofondatrice de comités qui ont milité en faveur du respect de ces écosystèmes fluviaux, de leurs valeurs, et leur faune et de leur flore. Elle s'est attachée à fournir et à utiliser des preuves scientifiques nouvelles pour sauver ces écosystèmes naturels. A chaque fois, ses efforts conjugués à ceux des autres militants ont été couronnés de succès et les projets d'aménagement abandonnés. Qui plus est, Mme Coulet a su rallier le soutien du ministère de l'Environnement, qui lui a demandé de l'aider à publier les résultats des recherches sur l'écologie des grands cours d'eau et sur la conservation des zones humides des plaines inondables, et à élaborer un projet d'envergure pour restaurer les zones humides riveraines du Rhône.
Le Prix d'excellence de la Convention de Ramsar est attribué à Mme Coulet en hommage à sa contribution exceptionnelle à la connaissance de l'écologie des zones humides, ainsi qu'à la conservation et à l'utilisation rationnelle des zones humides.