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Coup de pouce de l’initiative Wetlands for the Future à la conservation des zones humides en Amérique latine et dans les Caraïbes

27 mai 2024
Mangrove
Un singe à face blanche (Cebus capucinus) se nourrisse de la mangrove dans la zone humide de Puntarenas au Costa Rica. © Ana Gabriela Espinoza Ocampo

 

La Barbade et le Costa Rica ont fait des pas de géant en conservation de l’environnement avec la conclusion de deux projets financés par l’initiative Wetlands for the Future. Ces projets témoignent de l’engagement de ces pays, qui sont des Parties contractantes à la Convention de Ramsar sur les zones humides, à assurer l’utilisation rationnelle de leurs zones humides. 

C’est le Département d’État des États-Unis, le US Fish and Wildlife Service et le Secrétariat de la Convention sur les zones humides qui ont fondé le Wetlands for the Future, en 1996. L’initiative avait pour objet de promouvoir, dans l’hémisphère occidental, la mise en œuvre du concept d’utilisation rationnelle des zones humides forgé par la Convention en renforçant les capacités des pays à gérer leurs ressources en zones humides et en les aidant à inscrire la conservation et la gestion des zones humides dans le processus de développement.

La Barbade fait un premier pas vers la mise en œuvre de la Convention 

En mars 2023, la Barbade publiait son Inventaire national des zones humides, un catalogue détaillé où les divers écosystèmes de zones humides de l’île sont classés en trois catégories : primaire, secondaire et tertiaire. La volonté de l’île de préserver son patrimoine naturel était ainsi mise en lumière, de même que son engagement envers le programme mondial de conservation des zones humides.

Avec les fonds attribués en 2022 par le Wetlands for the Future, un inventaire exhaustif des zones humides de l’île a été dressé et un plan de gestion élaboré pour la zone humide de Long Pond. L’inventaire décrit en détail différentes caractéristiques de chaque zone humide : biodiversité, géomorphologie, menaces, régime hydrologique et services écosystémiques fournis. Il est axé sur quatre grandes zones humides – Long Pond, Green Pond, Graeme Hall et Chancery Lane. Classées dans la catégorie primaire, ces zones humides jouent un rôle écologique primordial car elles abritent diverses espèces et maintiennent la santé environnementale de l’île. 

Dans ses conclusions, l’inventaire révèle des lacunes dans les connaissances, notamment sur les zones humides plus petites (catégories secondaire et tertiaire) qui, malgré leur petite taille, sont importantes pour la biodiversité. La documentation minutieuse de l’inventaire servira à orienter les efforts de conservation, de façon que les zones humides, même les plus petites, soient prises en compte dans la stratégie plus générale de gestion de l’environnement. 

La Barbade a déjà acquis une reconnaissance internationale pour ses efforts de conservation et a désigné Graeme Hall comme sa première zone humide d’importance internationale (« Site Ramsar »). Forte de ce succès, la Barbade espère accorder ce statut à d’autres zones humides d’importance critique identifiées dans l’inventaire. En outre, le Plan d’aménagement physique de la Barbade considère ces sites comme des Aires de conservation du patrimoine naturel, soulignant ainsi leur importance pour la conservation de la biodiversité et le maintien d’écosystèmes représentatifs à travers toute l’île. 

Le projet démontre l’engagement de la Barbade envers la protection de l’environnement et le développement durable. Il montre aussi comment, avec un financement ciblé et des efforts de coopération internationale, on peut obtenir des résultats remarquables pour les écosystèmes locaux. Le rapport de l’Inventaire national des zones humides de la Barbade (2023) sert de modèle pour les initiatives futures en matière de conservation : c’est la première étape pour les zones humides vitales de la planète.

La documentation soigneuse de l’inventaire ouvre la voie aux efforts de conservation ciblés, garantissant que les zones humides, aussi petites soient‑elles, ne sont pas négligées dans les stratégies plus globales de gestion de l’environnement. 

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Long Pond est un lagon côtier situé à l’est de la nation insulaire de la Barbade. © Connor Blades

Au Costa Rica, la protection des mangroves progresse grâce à un nouveau protocole de suivi

Le Costa Rica a mené à bien un projet axé sur la mise en œuvre d’un protocole de suivi écologique des mangroves et le renforcement des capacités institutionnelles et communautaires.

Le « Protocole de suivi écologique des mangroves du Costa Rica » a reçu un appui financier du Wetlands for the Future ainsi que de l’Échange dette contre nature États‑Unis‑Costa Rica, Forever Costa Rica Association, FUNDECODES et Conservation International. Le projet s’appuie sur un projet précédent, « Évaluation et suivi des mangroves sur le littoral Pacifique du Costa Rica », réalisé par l’École des sciences biologiques de l’Université nationale du Costa Rica. La mise à jour de l’inventaire des zones humides, en 2018, a donné de nouvelles perspectives géographiques, hydrologiques et biologiques qui ont enrichi le Protocole. 

À la première étape du processus, les caractéristiques structurelles et fonctionnelles des forêts de mangroves ont été analysées et définies. La plupart des forêts de mangroves prospèrent le long du littoral Pacifique du pays alors que le littoral caraïbe ne compte qu’un pourcent seulement de ces écosystèmes. Les chercheurs ont identifié sept espèces clés de mangroves mais la connaissance des mangroves du Pacifique Nord reste limitée. Les stratégies de gestion du Protocole sont conçues en fonction des dynamiques spatiales spécifiques des mangroves, permettant ainsi de prendre de meilleures mesures d’atténuation, restauration et remise en état. 

L’élaboration de ce Protocole a été importante à plusieurs titres. Les activités anthropiques ont une profonde influence sur les écosystèmes de mangroves et peuvent entraver les processus naturels de régénération. Cette perturbation a des répercussions sur la capacité des mangroves de stocker le dioxyde de carbone, un point crucial dans la lutte contre les changements climatiques. Elle a aussi un impact sur la vulnérabilité des communautés qui dépendent des écosystèmes de mangroves pour leur subsistance. 

Des progrès grâce au partenariat

La réussite des projets de conservation des zones humides, à la Barbade et au Costa Rica, est le signe de l’importance du financement du Wetlands for the Future. L’établissement d’un inventaire complet des zones humides à la Barbade et l’élaboration d’un nouveau protocole de suivi écologique pour les mangroves au Costa Rica sont des progrès majeurs en matière de gestion des zones humides dans la région Amérique latine et Caraïbes. Ces projets soulignent l’engagement des deux pays envers les principes de la Convention et illustrent l’importance de la coopération internationale et du financement ciblé pour la préservation des écosystèmes de zones humides.