La COP14 se termine par l’adoption de 21 résolutions pour plus d’actions en faveur des zones humides, de l’humanité et de la nature

18 novembre 2022

Les Parties contractantes et observateurs à la Convention de Ramsar sur les zones humides se sont réunis à Wuhan, Chine, et Genève, Suisse, du 5 au 13 novembre 2022 à l’occasion de la 14e Session de la Conférence des Parties contractantes (COP14). Avec pour thème « Agir pour les zones humides, c’est agir pour l’humanité et la nature », la COP14 a réuni les représentants de 146 Parties contractantes et 55 organisations admises en qualité d’observateur pour négocier 24 projets de résolution visant à renforcer la conservation et l’utilisation rationnelle de toutes les zones humides par les Parties. La République populaire de Chine était le pays hôte de la COP14 dont les négociations se sont déroulées à Genève, Suisse, en raison de la pandémie de COVID-19.

La Déclaration de Wuhan réaffirme qu’il est urgent d’agir pour les zones humides

Le 6 novembre 2022, soit un jour avant le début des négociations, le pays hôte de la COP14 a organisé un Segment ministériel de haut niveau lors duquel 24 ministres et ambassadeurs ont mis en avant les réalisations et priorités de leurs programmes de conservation des zones humides. La séance s’est terminée par l’adoption de la Déclaration de Wuhan par les ministres et ambassadeurs qui ont proclamé leur volonté politique de mobiliser plus de ressources pour la conservation des zones humides ; d’intégrer la protection et la conservation des zones humides dans les programmes en faveur du développement durable, du climat et de la biodiversité ainsi que dans les politiques nationales ; et d’encourager une meilleure protection des zones humides par la législation. Fixant le cadre des négociations, la Déclaration reconnaît qu’il est urgent de faire cesser et d’inverser la perte des zones humides qui sont les écosystèmes les plus vulnérables et dont les services sont indispensables en matière d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation de leurs effets, de biodiversité et de développement durable.

Agir en faveur des zones humides pour l’atténuation, l’adaptation et la résilience aux changements climatiques

Coïncidant en partie avec la COP27 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à Sharm El-Sheikh, Égypte, la COP14 a vu les Parties mettre à l'ordre du jour la nécessité de renforcer la conservation des zones humides pour le climat. Elles ont négocié puis adopté une résolution reconnaissant le potentiel des zones humides en tant que solutions fondées sur la nature et approches fondées sur les écosystèmes pour l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de leurs effets. Encourageant les Parties à améliorer leurs bases de connaissances et politiques en matière d’étendue et d’état des zones humides, la résolution incite le Secrétariat, les Parties et le Groupe d’évaluation scientifique et technique à collaborer avec les Initiatives régionales Ramsar, les partenaires et d’autres accords multilatéraux sur l’environnement afin de faciliter la création d’une communauté de pratique sur la lutte contre les changements climatiques qui garantit parallèlement la biodiversité et les avantages des zones humides pour la santé et le bien-être des personnes.

Intégrer la conservation des zones humides dans les stratégies de développement durable

Reconnaissant l’étendue des services écosystémiques fournis par les zones humides, dont la sécurité alimentaire et hydrique ainsi que la régulation hydrologique et climatique, les Parties ont adopté une résolution les encourageant à intégrer les actions de conservation, de restauration, de gestion durable et d’utilisation rationnelle des zones humides, dans les stratégies de développement durable. Ces dernières incluent les programmes nationaux de protection et de restauration de la biodiversité au titre de la Convention sur la diversité biologique ainsi que les Contributions déterminées au niveau national soumises au titre de la CCNUCC pour lutter contre les changements climatiques.

Renforcer la collaboration multilatérale pour généraliser la conservation des zones humides

Pour renforcer la contribution des zones humides aux programmes mondiaux en matière de climat, de biodiversité et de développement durable, les résolutions de la COP14 ont souvent cité la nécessité pour la Convention de renforcer sa coopération avec des organisations et accords multilatéraux connexes tels que la CCNUCC, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et la Convention sur la diversité biologique. En outre, les Parties ont adopté la Résolution XIV.18 reconnaissant l’importance de renforcer la coopération, la coordination et les synergies entre la Convention de Ramsar sur les zones humides et d’autres institutions connexes afin de mieux contribuer à la réalisation du futur Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020, de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, ainsi que de l’UNCCD et de ses objectifs de neutralité en matière de dégradation des terres.

Renforcer les liens avec la jeunesse

Les Parties à la Convention de Ramsar sur les zones humides ont adopté une résolution sans précédent visant à renforcer la participation des jeunes et autres groupes sous-représentés aux processus de la Convention. Présentée par l’Australie et le Costa Rica, la résolution reconnaît l'importance d’une participation inclusive et de l’équité intergénérationnelle dans la mise en œuvre de la conservation des zones humides et du développement durable. Les Parties ont salué le travail des Jeunes engagés dans les zones humides (YEW), qui vise à mettre en relation les jeunes du monde entier et leur offre une plateforme leur permettant de participer à la conservation des zones humides. Les Parties sont encouragées à renforcer leur engagement auprès des jeunes et à offrir des opportunités de partenariat et de collaboration ainsi que des débouchés professionnels aux jeunes engagés dans la conservation des zones humides.

Renforcer les aspects scientifiques et techniques de la Convention

Avec des dispositions fortes en matière d’évaluation de l’étendue, de l’état écologique et de la collecte de données sur les zones humides, la COP14 a vu l’adoption de plusieurs résolutions qui contribueront à renforcer les aspects scientifiques de la Convention ainsi que ceux liés aux données recueillies. La plus importante d’entre elles est une résolution qui détermine un certain nombre de tâches hautement prioritaires pour le Groupe d’évaluation scientifique et technique (GEST) lors de la période triennale 2023-2025, dont notamment :

·         La création d’un mandat pour la nouvelle édition des Perspectives mondiales des zones humides lors du prochain cycle de travail du GEST ;

·         L’élaboration d’orientations supplémentaires sur l’application des critères pour désigner les zones humides d’importance internationale ;

·         Le développement d’outils pour l’évaluation et le suivi écologique des zones humides, dont les impacts climatiques ;

·         L’évaluation des coûts financiers de la perte et de la dégradation des zones humides ;

·         La préparation d’orientations sur l’inventaire des valeurs des zones humides pour lutter contre les changements climatiques ainsi que pour la gestion de paysage et la conservation de la biodiversité ;

·         Le soutien à l’intégration du carbone bleu dans les cadres de planification du changement climatique ; et

·         L'élaboration d’orientations sur la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides pour la gestion des zones côtières.

D’autres résolutions ont été adoptées concernant notamment le renforcement de la conservation et de la gestion des petites zones humides ainsi que les estimations des populations d'oiseaux d'eau, les Parties étant en effet préoccupées par le fort déclin de la biodiversité dans les zones humides. Ces résolutions soulignent la nécessité pour les Parties de veiller à réunir des données précises et fiables pour gérer plus efficacement les zones humides et renforcer la protection des populations d’espèces vulnérables qui dépendent des zones humides. 

Créer une nouvelle Initiative régionale Ramsar pour les mangroves

Constatant l’importance des mangroves pour la biodiversité, la séquestration du carbone et la protection du littoral, les Parties ont adopté une résolution reconnaissant qu’une Initiative régionale Ramsar axée sur les mangroves et les écosystèmes de carbone bleu peut renforcer la coopération régionale en faveur de leur conservation. La proposition des Parties relative à la création d’un nouveau Centre international des mangroves sera examinée lors de la prochaine réunion du Comité permanent.

Mettre en place une nouvelle période triennale

Un mois après le début de son mandat en tant que Secrétaire générale de la Convention de Ramsar sur les zones humides, Mme Musonda Mumba a déclaré : « La COP14 a montré que les Parties et partenaires sont profondément engagés dans la protection et la restauration des zones humides, notre écosystème le plus précieux pour faire face à cette triple crise planétaire. Avec 21 résolutions adoptées, la Convention bénéficie d’un mandat fort pour améliorer la conservation, la restauration et l’utilisation rationnelle des zones humides au cours de la prochaine période triennale. Cela signifie qu’il faut élargir ses travaux, si importants, à la jeunesse, aux Peuples autochtones, aux communautés locales, aux communautés scientifiques et à la société civile, mais aussi mettre en relation les différents processus multilatéraux mondiaux en faveur du climat, de la biodiversité et du développement durable pour tous. »

Les versions finales des résolutions adoptées à la COP14 peuvent être consultées dans leur intégralité ici.