Sacha Dench

Biographie

Sacha Dench, éminente biologiste australienne, incarne un engagement profond en faveur de la conservation de la faune, notamment des oiseaux migrateurs, une passion qui l’a amenée à être nommée ambassadrice des Nations unies pour les espèces migratrices.

Sa carrière aux multiples facettes s’étend à divers domaines, notamment la conservation, la biologie, l’art environnemental, la narration et même la plongée en apnée. Elle a été championne australienne de plongée en apnée et a créé l’organisation bénévole Ecodivers, en Australie. Cette organisation vise à protéger et à restaurer les écosystèmes marins, en menant des activités telles que la restauration des herbiers marins, le nettoyage des déchets plastiques et l’étude de la vie marine.

En 2016, Sacha a notamment dirigé l’expédition du « Vol des Cygnes » sous la bannière du Wildfowl & Wetlands Trust (WWT). L’expédition, qui consistait à accompagner les cygnes de Bewick sur leur route migratoire de la Russie arctique au Royaume-Uni, visait à sensibiliser le public aux défis auxquels sont confrontés les oiseaux migrateurs et à l’importance cruciale de la conservation de leurs habitats.

Forte du succès de cette expédition, Sacha crée Conservation Without Borders (CWB), qui organise des expéditions pour recenser et mettre en lumière les menaces pesant sur les espèces migratrices et les zones humides dans le monde. Ses efforts ont été soutenus par des personnalités influentes telles que David Attenborough et les mécènes Ranulph Fiennes et Judi Dench.

Tout au long de sa carrière, Sacha a été une oratrice très demandée, partageant ses expériences et ses idées lors de conférences et de manifestations internationales, notamment dans le cadre d’une conférence TedX. Ses contributions vont de la recherche sur les tortues marines dans la Grande Barrière de Corail à la collaboration avec des communautés autochtones d’Amérique du Sud dans le cadre de projets de conservation marine.

En tant que Responsable de la communication au Wildfowl and Wetlands Trust, au Royaume-Uni, Sacha a participé à des expéditions de terrain dans le monde entier. Les photos et films qu’elle en a rapportés ont servi à sensibiliser le public et collecter des fonds pour la conservation des zones humides. Elle a notamment effectué un vol en paramoteur aux côtés des cygnes de Bewick, documentant leur migration et ralliant le soutien en faveur de la conservation des zones humides.

Ces dernières années, Sacha a mené des expéditions pour suivre la migration des balbuzards pêcheurs de l’Écosse à l’Afrique de l’Ouest, et a mis en lumière les menaces qui pèsent sur les écosystèmes marins et d’eau douce. Ce voyage a fait l’objet d’une série radiophonique en dix épisodes pour la BBC, dans laquelle elle met en avant les efforts de conservation et inspire l’action au sein de diverses communautés.

Questions et réponses

Quelle expérience personnelle a façonné ou guidé votre parcours ?

J’ai grandi dans une région reculée du sud-est de l’Australie, dans une propriété en bord de rivière. Les sécheresses et les inondations qui faisaient partie des tragédies de la vie sont devenues de plus en plus fréquentes et extrêmes au cours des 40 dernières années. Dans mon enfance, cette rivière, et plus généralement la nature, représentait mon terrain de jeu ainsi qu’une source intarissable de fascination et d'apprentissage. Notre maison en bois était ouverte sur les éléments donc il était difficile de savoir exactement où notre maison s’arrêtait et où la nature commençait.

Ce n’est que bien plus tard, en 2014, que j’ai vécu une autre expérience spéciale qui m’a marquée. Un site de recréation de zone humide (aussi appelé « projet de réalignement côtier ») géré par WWT sous le nom de « Steart » a commencé à être vivement critiqué par un politicien d’une région voisine qui déclarait, sans rien savoir des faits, que c’était une « perte d’argent » de créer de simples « parcs pour les canards ». Hélas, ses commentaires suscitaient de plus en plus d’attention. Je sais d’expérience qu’il est bien plus facile de comprendre l’importance des zones humides en les observant depuis le ciel, parce qu’on peut y observer leur rôle dans un paysage qui contraste avec les autres paysages alentour.

Quelle figure marquante a été pour vous une source d'inspiration ? En quoi vous a-t-il/elle particulièrement inspirée ?

Ayant grandi au milieu d'importants conflits sur la question de l’environnement, j’avais des amis dont les familles étaient souvent opposées sur d'importants sujets comme l’abattage des arbres dans les forêts primaires vs la conservation ou encore le chalut de fond vs les aires marines protégées. Je les appréciais beaucoup et même si je n’étais pas toujours d’accord, je trouvais cela fascinant d’essayer de comprendre les différents points de vue des gens, les arguments que les différents groupes trouvaient convaincants, les arguments qui pouvaient leur faire changer d’avis, etc. 

Les parents de mes camarades de classe étaient pour moi une source d'inspiration et ils m’ont donné d'importantes clés pour comprendre les gens et résoudre des conflits, ce dont je me sers chaque jour pendant mes expéditions.

Dans votre combat pour la conservation des zones humides, quel est le plus grand défi auquel vous ayez été confrontée ? Comment cette expérience a-t-elle affermi votre volonté d’avoir un impact positif ? 

Dans votre combat pour la conservation des zones humides, quel est le plus grand défi auquel vous ayez été confrontée ? Comment cette expérience a-t-elle affermi votre volonté d’avoir un impact positif ?

Mon plus grand défi jusqu’ici a été lorsqu’on m’a demandé d’aider les scientifiques et les écologistes à sensibiliser le public sur les questions liées aux oiseaux d’eau et plus particulièrement le cygne de Bewick. J’ai passé des mois à réfléchir à la façon dont nous pourrions réunir les gens et capter leur attention en leur racontant la difficile histoire de la disparition des zones humides et des oiseaux migrateurs, qui traversent les frontières, les langues et les cultures malgré les multiples menaces. 

Je me suis rendu compte que nous avions besoin d'une histoire percutante qui captiverait le public, l’aiderait à se sentir concerné et lui proposerait de devenir une partie de la solution (même si, traditionnellement, l’être humain est vu comme une menace). 

Mieux encore, si nous pouvions raconter cette histoire du point de vue des animaux, nous pourrions ouvrir le cœur et l’esprit des gens, ce qui leur donnerait envie de faire partie des solutions et de proposer leur aide. Cette approche a si bien fonctionné au travers de mon expédition « Vol des cygnes » que j’ai voulu aller plus loin.